Pesticides et biopesticides: quelles différences?

Entre pesticides et biopesticides, il est parfois difficile de s’y retrouver. Il est toutefois primordial de connaître leurs ressemblances et leurs différences. Les pesticides sont une invention très récente. Ils datent du début du 20e siècle. Les biopesticides sont plus anciens, on les appelait alors des « remèdes » et leur utilisation plus scientifique remonte au milieu du 19esiècle.

Les mots d’abord. Pesticide vient de l’anglais pest qui désigne des organismes qui sont nuisibles comme certains animaux, certains insectes ou certaines plantes, bref des ravageurs. Ce mot est lui-même issu du mot peste qui dérive du latin classique pestis qui signifiait alors épidémie. Il est suivi du suffixe -cide qui veut dire tuer. Un pesticide est donc un produit qui tue les organismes nuisibles, souvent appelés ravageurs ou pathogènes.

Les pesticides de synthèse

Il existe différentes sortes de pesticides. Les insecticides tuent les insectes; les acaricides tuent les acariens; les fongicides contrôlent les maladies fongiques, les champignons pathogènes des plantes; les herbicides tuent les « mauvaises herbes »; les bactéricides tuent les bactéries et les molluscicides tuent les limaces et les escargots.

Un pesticide est un composé chimique qui est confectionné à partir d’un ingrédient actif, une molécule de synthèse efficace contre le ravageur, par exemple le glyphosate. On y ajoute des adjuvants, aussi regroupés sous le nom de produit de formulation, des substances qui facilitent une réaction chimique ou qui améliorent les propriétés de l’ingrédient actif comme l’indice de pulvérisation, la solubilité, le pouvoir d’étalement et la stabilité. Il faut savoir que les produits de formulation sont parfois très toxiques. L’ensemble ingrédient actif + produit de formulation ou adjuvant donne le produit commercialisé. Par exemple, le Roundup qui est la marque commerciale du glyphosate.

Les pesticides agissent de plusieurs manières. Les insecticides et les acaricides attaquent le système nerveux, empêchent la reproduction, etc. Ils peuvent être de contact, ils adhèrent directement aux ravageurs qu’ils « étouffent ». Quand ils sont systémiques, ils pénètrent dans les tissus des végétaux, puis sont véhiculés par la sève vers les organes aériens et souterrains où ils sont ingurgités par les ravageurs qui en meurent.

Les fongicides limitent le développement des champignons pathogènes. Ils peuvent être préventifs. Dans ce cas, un film protecteur déposé sur la plante empêche la germination des spores du champignon. Curatifs de contact, ils demeurent à la surface des tissus et tuent le pathogène. Curatifs systémiques, ils sont plus ou moins redistribués dans toutes les parties de la plante et empêchent le métabolisme des maladies. Curatifs translaminaires, ils pénètrent dans les tissus de la plante sans être redistribués.

Les herbicides inhibent la photosynthèse des plantes ou simulent les effets des régulateurs de croissance. Ils agissent par contact avant la levée, ce sont les herbicides de prélevés ou après la levée, ce sont les herbicides de post-levée. Les molluscicides qui tuent les limaces et les escargots font effet par contact et par ingestion.

Les pesticides ont pour avantages d’empêcher la diffusion des insectes ravageurs et de certaines maladies qui nuisent à la croissance des cultures. Leur action est généralement rapide et le plus souvent définitive. Toutefois, ils présentent plusieurs inconvénients. Ils sont dangereux pour la santé humaine et ont de forts impacts négatifs sur les écosystèmes. À cause de leur molécule de synthèse complexe, le plus souvent ils persistent longtemps dans la nature et dans l’organisme humain et leurs effets toxiques se font donc ressentir à long terme. L’utilisation des pesticides augmente le risque que les insectes ravageurs développent une résistance au produit. C’est une sorte de fuite en avant.

Les biopesticides ou pesticides naturels

Un biopesticide reste un « cide », mais comme les produits qui les composent sont d’origine naturelle, leurs effets sont différents. On leur donne parfois le nom de pesticide à faible impact.

Un biopesticide peut être préparé à base de produit minéral naturel comme le soufre, le cuivre, les sels de potassium d’acides gras, le phosphate ferrique, etc. Ce sont aussi des agents antiparasitaires issus de sources naturelles. Ce peut être des bactéries (ex. : Bacillus thuringiensis var. kurstaki), des champignons (ex. : Beauveria bassiana), des extraits de plantes (ex. : pyrèthre, ail, piment) ou d’animaux (ex. : nématodes).

Les bionsecticides attaquent le système nerveux, empêchent la reproduction, etc. Ils agissent par contact. Les biofongicides limitent le développement des champignons pathogènes. Ils sont préventifs ou curatifs de contact. Les biomolluscicides contrôlent les limaces et les escargots par ingestion. Les bioherbicides sont peu nombreux et peu utilisés.

Les biopesticides ont pour avantages d’empêcher la diffusion des insectes ravageurs et de certaines maladies. Leur action est plus ou moins ciblée, par exemple en causant la mort spécifiquement des insectes à corps mou, des chenilles ou des acariens. Ils ont une courte durée de vie résiduelle et sont rapidement (plus ou moins selon le produit) dégradés dans la nature et l’organisme humain. Cela est dû à leurs molécules simples facilement biodégradables. Ils ont donc des impacts limités sur la santé humaine et sur les écosystèmes. Ils préviennent le développement d’une résistance aux pesticides.

Ils ont comme inconvénients d’être plus limités en termes de nombre, d’avoir une action lente et de nécessiter parfois la répétition du traitement. Pour être efficaces, ils doivent faire partie d’une approche plus large et donc incluse dans la lutte intégrée, le contrôle biologique, la régie de culture, etc.

Les bioinsecticides commerciaux sont les savons insecticides contre les pucerons, les mouches blanches, les acariens, les cochenilles, etc. Le Btk contre les chenilles. Le savon noir savon noir contre les pucerons, les cochenilles et les araignées rouges. Les nématodes pathogènes contre les larves de hannetons et de scarabées japonais. L’huile minérale, plus ou moins utile, contre les insectes ravageurs présents d’année en année.

Les biofongicides sont le soufre qui permet de prévenir et de réduire le développement des taches noires, de la tavelure, de la rouille et du blanc. Il limite aussi les populations d’acariens. Le cuivre ou bouillie bordelaise contrôle les tâches foliaires, les brûlures, l’anthracnose, le mildiou, la cloque du pêcher, la tavelure du pommier et du poirier, les différentes rouilles et les moisissures sur les fruits.

Un molluscicide, le phosphate ferrique EDT, contrôle les limaces et les escargots

Attention! Biopesticides ou pesticides naturels ne veulent pas dire sans danger pour l’environnement. La pyréthrine, issue d’une plante, le pyrèthre, est toxique pour les chats, les poissons et les batraciens (grenouilles, etc.) ainsi que les abeilles. La roténone, produite à partir des racines et des tiges de certaines plantes tropicales, est extrêmement toxique pour les poissons et les batraciens.

Les bioinsecticides maison sont préparés avec de l’ail contre une grande quantité d’insectes ravageurs ou de piment contre les insectes à corps mou comme les pucerons. Le biofongicides à base de prêle contrôle le blanc, le mildiou et la tavelure.

Étant donné que même s’ils sont « bios », il s’agit encore d’un « cide », on devrait prendre des précautions lors de l’utilisation des biopesticides. Comme ils sont génériques, ils peuvent attaquer indifféremment les insectes ravageurs et ceux qui sont utiles. Ils peuvent donc altérer l’équilibre naturel. Par conséquent, on pratique la tolérance, on les emploie dans une stratégie globale de contrôle des parasites, mais surtout on les utilise en dernier recours.

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2 comments on “Pesticides et biopesticides: quelles différences?

  1. Diane Rondeau dit :

    Super intéressant.

    1. Bertrand Dumont dit :

      Merci

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