Taillez un peu, passionnément, à la folie… ou pas du tout?

Depuis quelques années, les chercheurs ont remis en cause les tailles sévères longtemps pratiquées pour les arbres fruitiers. Place aujourd’hui à la taille raisonnée.

Avant de commencer à tailler, il faut prendre en compte la structure aérienne de la plante. On distingue 4 grands types de structure :

    • Les formes libres ont un tronc, des branches principales ou charpentières, des branches secondaires ou sous-charpentières et des rameaux portant les feuilles et les organes de reproduction (fleurs et fruits);
    • Les plantes taillées en espalier ou en cordon ont un tronc parfois très court, des branches principales et des rameaux portant les feuilles et les organes de reproduction;
    • Les buissons peuvent avoir 2 formes :
      • Des branches principales, des branches secondaires et des rameaux portant les feuilles et les organes de reproduction : amélanchiers, bleuetiers, camérisiers, cassis, cerisiers de Saskatchewan et groseilliers;
      • Des tiges partant du sol et sur lesquelles se développent les feuilles et les organes de reproduction ou encore de courts rameaux portant ces organes : canneberges, framboisiers, gojis et mûres des jardins;
    • Les grimpants ont une ou des branches principales partant du sol (kiwi et vigne) ou ils ont toutes les tiges qui partent du sol (houblon).

Avant d’utiliser un sécateur, il faut prendre en compte 2 autres notions importantes :

    • La sève brute qui circule du bas vers le haut favorise la croissance du feuillage;
    • La sève élaborée, qui est de la sève brute transformée lors du passage dans les feuilles, voyage du haut vers le bas et favorise la reproduction (fleurs) et le processus de production des fruits.

Il faut aussi se rappeler que les feuilles sont des panneaux solaires indispensables à la nourriture des plantes : environ 85 %. Elles captent l’énergie solaire et, par le processus de la photosynthèse, elles transforment la sève brute en sève élaborée qui transporte des sels minéraux (sulfates, potassium, phosphates, etc.), des protéines et phytohormones qui permettent à la plante de se nourrir.

Le stade de croissance de la plante influence aussi la taille :

    • Le stade juvénile : la plante organise la structure. Elle est dans l’incapacité de fleurir. Plus la structure est complexe, plus cette phase est longue. À ce stade, on pratique la taille de formation par laquelle on cherche à diriger la plante pour lui donner des charpentières qui porteront les branches secondaires, les rameaux, les bourgeons à feuilles et les boutons floraux;
    • Le stade adulte : la plante établit un équilibre entre sa capacité à donner naissance à des feuilles et celle à produire des fleurs et des fruits. C’est la phase de productivité. On fait une taille de fructification qui a pour objectif d’augmenter la fructification;
    • Le stade vieillesse : la plante manque de vigueur, et elle produit moins de rameaux à bois, de fleurs et donc de fruits. La taille de rajeunissement cherche à reformer des branches principales et secondaires en remplacement des vieilles branches.

Pour savoir à quel moment tailler, il faut connaître le cycle des saisons d’un fruitier feuillu. Il y a 7 phases :

    • La dormance : l’arbre est au repos. Il n’a pas de feuilles et son bois est presque inactif (on sait aujourd’hui que même en hiver les arbres peuvent avoir une légère activité);
    • Le débourrement : les bourgeons gonflent et s’ouvrent;
    • La floraison : les fleurs éclosent, elles sont pollinisées et les fruits commencent à apparaître;
    • La feuillaison : les feuilles s’étalent, les pousses s’allongent;
    • La fructification : les fruits grossissent et mûrissent;
    • La cueillette : c’est le temps de récolter les fruits;
    • Le retour à la dormance : la plante se prépare à sa période de repos en engrangeant diverses substances organiques qui lui serviront principalement en hiver et surtout lors du débourrement.

La taille hivernale intervient au moment de la dormance, la taille en vert lors de la feuillaison et la taille d’éclaircissage au moment de la floraison.

On doit aussi se demander pourquoi tailler les fruitiers. C’est avant tout afin d’obtenir une production régulière (si possible chaque année), abondante, de bonne qualité. On cherche aussi à limiter la présence des insectes ravageurs et des maladies.

Les objectifs d’une bonne taille :

    • Orienter les rameaux pour que la plus grande surface de la plante reçoive du soleil (sur les panneaux solaires que sont les feuilles);
    • Éclaircir le centre de l’arbre pour faciliter la pénétration de l’air et de la lumière;
    • Supprimer les rameaux généralement très érigés, dits gourmands, qui utilisent de la sève pour leur croissance au détriment de la mise à fruits;
    • Diriger les rameaux à l’horizontale (production de fruits) plutôt qu’à la verticale (production de feuilles);
    • Supprimer les branches ou les rameaux trop près du sol et qui nuisent aux travaux d’entretien;
    • Supprimer les éléments trop faibles, abîmés, attaqués par des insectes ravageurs ou des maladies ou morts;
    • Enlever les branches qui se croisent et qui risquent de se blesser mutuellement;
    • Établir l’équilibre entre les rameaux à branches et les rameaux à fruits;
    • Simplifier la charpente;
    • Alléger le poids des fruits sur la plante, notamment quand elle est jeune;
    • Supprimer les drageons au pied des arbres greffés ou des plantes en produisant;
    • Respecter le port naturel de la plante ou celui qu’on lui a imposé (espalier).

C’est à partir de toutes ces données que l’on peut pratiquer la taille de fructification raisonnée. Une taille qui respecte le port naturel de la plante. Une taille d’équilibre qui permet un juste milieu entre les feuilles et une bonne fructification. Lors de cette taille, on ne devrait pas supprimer plus de 10 à 15 % des tiges.

Les grands principes sont les suivants :

    • Ébrancher le centre de l’arbre afin de faciliter la pénétration de l’air et de la lumière. On procède en simplifiant la charpente (tout en respectant la forme naturelle) et en sélectionnant les rameaux de façon que la plus grande surface possible de la plante reçoive les rayons du soleil;
    • Supprimer les gourmands, ces tiges vigoureuses qui partent à la verticale;
    • Aider les rameaux à se diriger à l’horizontale, afin qu’ils produisent des boutons à fruits plutôt qu’à la verticale, auquel cas ils vont produire des bourgeons à feuilles;
    • Supprimer les rameaux qui sont trop bas et qui nuisent aux travaux d’entretien.

Les suppressions des branches qui se croisent et qui risquent de se blesser mutuellement, des éléments trop faibles, abîmés, attaqués par des insectes ravageurs ou des maladies, ou encore qui sont morts, ne sont pas spécifiques à la taille raisonnée. Ce sont des gestes de prévention indispensables pour tous les fruitiers.

La taille en vert consiste à couper, durant la saison de croissance (en général de la mi-juin à la fin juillet), une partie des tiges dont on sait qu’elles n’apporteront pas de fructification à long terme. On ôte de 10 à 15 % des branches non désirées.

La taille d’éclaircissage consiste à supprimer une partie des fruits afin de favoriser le grossissement et le mûrissement de ceux qui restent. Si les fruits sont petits, on en élimine la moitié, puis deux semaines plus tard on coupe ceux que l’on considère encore de trop. Dans le cas de fruits que l’on a laissé grossir, on supprime les plus petits pour ne garder que la quantité que l’on pense que la plante pourra supporter où mener à terme. La coupe se fait à l’aide d’un sécateur.

L’éclaircissage se pratique sur les abricotiers, pêchers, poiriers, poiriers asiatiques et pommiers.

La longueur de la taille a aussi de l’importance sur la croissance future :

    • Plus on taille une branche courte (on laisse moins de 1/3), plus la pousse sera longue et porteuse de feuilles;
    • Plus on taille une branche longue (on laisse de 1/2 à 2/3), moins la pousse sera longue, et plus il y aura de chances que des boutons à fleurs se développent.

Afin d’obtenir plus de production, il est possible de faire fléchir les branches. On sait qu’il y a des phases naturelles lors de la croissance des tiges :

    • Première année : suivant les espèces et les variétés, la branche pousse de manière plus ou moins érigée. La sève est principalement utilisée pour la croissance;
    • Deuxième année : la branche s’incline tranquillement, plus près de l’horizontale que de la verticale. Elle continue à s’allonger, et elle produit des ramifications et quelques boutons à fruits. Elle est aidée dans sa courbure par le poids des premiers fruits;
    • Troisième année : la branche pointe maintenant vers le bas. Plus la branche a été porteuse de fruits l’année précédente, plus ce phénomène s’accentue. Des ramifications apparaissent, mais elles sont souvent plus courtes et les boutons à fruits sont de plus en plus nombreux.

Afin d’accélérer le processus, on utilise des écarteurs, des tiges de plastique ou de bois qui éloignent les branches du tronc provoquant ainsi son inclinaison. On les installe du printemps au milieu de l’été. On peut aussi utiliser des cordes.

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