Un bon paillis est uniquement organique

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Il existe une certaine confusion sur le terme paillis. On voit souvent que le paillis peut être organique, minéral ou synthétique. Or, il n’en est rein.

En fait, le malentendu vient de l’utilisation, en particulier en France, du mot mulch qui, en anglais, regroupe tous les types de recouvrements décoratifs. Pour comprendre, retrouver le vrai sens et la vraie utilité du paillis, il faut remonter le temps.

Une bonne définition du paillage peut être libellée ainsi : « une technique qui consiste à étendre sur le sol un matériau organique qui va, à plus ou moins long terme, se décomposer ». Selon le Littré, un dictionnaire français publié à la fin du XIXe siècle, le paillis est une « Couche de litière courte ou de fumier non composté, épaisse de 1 ou 2 doigts, que l’on étend sur les planches du jardin avant ou après les avoir plantées ». Le même ouvrage indique que ce mot est issu du mot paille et du suffixe -age qui signifie l’action.

Si le mot paille vient du fond primitif issu du latin tardif palea qui signifie tige sans grain, il prend sa forme actuelle au XIe siècle. On trouve le mot paillis au XIIIe siècle, et le mot pailler qui donnera le mot paillage en 1835. Comme on le voit ici, pas question de quelconques produits minéraux ou synthétiques. Les paillis sont bel et bien des matériaux qui se décomposent, donc des matières organiques. Leurs avantages et leurs inconvénients sont intimement reliés à cet état.

Les avantages des paillis sont nombreux, les paillis :

    • Protègent le sol contre érosion, le lessivage des éléments nutritifs et la lixiviation;
    • Préviennent la battance, le tassement et la compaction;
    • Améliorent la porosité, ce qui facilite l’infiltration des excès d’eau;
    • Évitent la stérilisation des premiers centimètres de sols par les rayons du soleil;
    • Assurent la stabilité du taux d’humidité et retiennent l’eau dans le sol en été grâce à l’humus et dans certains cas la présence de mycélium;
    • Apportent de la matière organique au sol et à la vie du sol;
    • Améliorent de la vie du sol en abritant et en nourrissant les organismes qui y vivent;
    • Fournissent des éléments nutritifs lors de leur décomposition;
    • Régularisent la température;
    • Diminuent l’évaporation, ce qui est favorable aux microorganismes du sol, la faune et la flore, qui préfèrent les sols plutôt humides (mais non détrempés);
    • Modifient le pH et augmentent la capacité d’échange des cations (CEC) par le stockage de l’humus et de lignine à long terme;
    • Évitent que les éclaboussures sur le feuillage des plantes lors des pluies, ce qui réduit les risques de contamination par des maladies;
    • Réduisent la présence des herbes spontanées.

Il existe quelques inconvénients. Ceux-ci varient selon le type de paillis et les conditions de culture. Les paillis ne sont pas adaptés au semis direct, car le matériau doit être temporairement déplacé puis remis en place pour préparer le sol. Ils sont aussi mal adaptés lors de l’utilisation d’engrais granulaires ou en poudre. Il nécessite plus de travail. Au printemps, un paillis peur ralentir le réchauffement du sol. Parfois ils attirent les limaces et les rongeurs. En cas de mauvaise décomposition, cela peut créer des problèmes.

Pour bien se décomposer, les paillis ont besoin d’air, d’eau, de carbone, d’azote et des organismes du sol.

La faim d’azote est un phénomène naturel aussi appelé « vol » d’azote. Durant la première étape de la dégradation de la matière organique, tout l’azote est momentanément mobilisé. Cela est dû au fait que l’azote doit être transformé en ammoniac, puis en acide nitrique, puis en nitrite, puis en nitrate à l’aide des bactéries avant d’être assimilable par la plante. C’est lorsque l’ammoniac et des sels ammoniacaux sont transformés en nitrates, la nitrification, que la faim d’azote est la plus importante. Ce sont surtout chez les paillis qui ont un rapport C/N élevé que l’on constate une faim d’azote. Ce phénomène est donc particulièrement important pour les matières dites brunes.

La faim d’azote est présente dans la zone de contact du sol et du paillis et peut durer de quelques semaines à quelques mois. Elle est plus longue dans sols sableux ou mal structurés.

La faim d’azote est facile à repérer. On constate un retard de croissance et un jaunissement des feuilles. Heureusement, ce processus n’affecte pas la vie de la rhizosphère, des bactéries et des champignons. Toutes les fabacées, ainsi que l’argousier, ne connaissent pas la faim d’azote, car elles fixent l’azote atmosphérique.

On peut prévenir la faim d’azote en apportant de l’azote au sol sous forme de compost ou de fertilisant naturel avant d’installer le paillis. On évite d’utiliser de la matière organique fraîche, surtout si celle-ci est très carbonée. Un précompostage de ce type de matière organique avant de l’épandre sur le sol est conseillé. De plus, on évite d’installer un paillis au tout début de printemps, période où les plantes sont avides d’azote. On privilégie la fin du printemps. L’automne, pour protéger le sol des intempéries hivernales est aussi une bonne période.

Les paillis azotés sont :

    • Les rognures de gazon (C/N : 9 à 25)
    • Les engrais verts hachés (C/N : 10 à 20)
    • Les résidus de culture, les plantes spontanées non montées à graines et les restes de cuisine (C/N : 11 à 19)

Les paillis équilibrés :

    • Les composts (C/N : 15)
    • Les fumiers non compostés (C/N : 15 à 20)
    • Les feuilles et tiges de plantes herbacées hachées partiellement desséchées (C/N : 20 à 25)

Les paillis carbonés :

    • Le foin (C/N : 25 à 30)
    • Les feuilles mortes (C/N : 60)
    • La paille (C/N : 80 à 100)
    • La sciure de bois (C/N : 100 à 500)
    • Les copeaux de bois (C/N : 100 à 150)
    • Les paillis d’écorce de conifères (C/N : 100 à 150)
    • Les paillis colorés (C/N : 100 à 150)
    • Le bois raméal fragmenté (C/N : 150)
    • Les cartons non cirés et le papier journal (C/N : 150 à 200)

L’installation d’un paillis se fait sur un sol amendé convenablement et bien humide. Le paillis doit, lui aussi, être humide. L’épaisseur varie selon le stade de culture, le type de paillis, le climat, la saison, le type de plantes, herbacées ou ligneuses, annuelles ou vivaces, ainsi que les attentes du jardinier.

En règle générale, pour les plants de moins de 20 cm de haut on épand une couche de 1 à 2 cm. Pour celle de 20 cm, une couche de 3 à 4 cm d’épaisseur. Au jardin fruitier on dispose une couche de 8 cm pour les petits paillis fins et de 15 cm pour ceux de plus grosse taille.

Le paillis ne devrait jamais toucher la base des plantes, car cela augmente les risques de pourriture du collet. Cela peut aussi encourager l’apparition de rejets du porte-greffe au point de greffe. On laisse donc un cercle de 2 à 5 cm de diamètre pour les plantes annuelles. Autour des pieds des arbustes et des arbres fruitiers, la bordure aura de 10 à 15 cm.

Lors de semis direct au potager, on installe le paillis quand les plantules ont atteint de 15 à 20 cm de haut, ou après l’éclaircissage. Pour les légumes transplantés sous forme de jeunes plants, on le fait avant ou après la plantation selon le type de plantes. Pour les arbres et les arbustes fruitiers, l’installation se fait après la plantation.

Le rythme de renouvellement du paillis tient compte de sa vitesse de dégradation. Pour les plantes ligneuses et herbacées vivaces, on vérifie une fois par année, au printemps ou à l’automne. Pour les herbacées annuelles, on inspecte une fois au cours de l’été et on juge si un nouvel apport est nécessaire.

Le paillage n’est pas une technique incontournable. C’est le choix du jardinier. Il est fortement recommandé pour les plantes ligneuses et herbacées vivaces. Par contre, la situation est beaucoup plus souple pour les plantes herbacées annuelles. C’est au jardinier de décider ou pas de pailler en prenant en compte tous les paramètres. Par exemple, dans un potager cultivé de manière bio-intensive on peut facilement se passer de paillis.

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