La fertilisation, et oui, c’est assez simple

Pour plusieurs jardiniers, particulièrement au potager, la fertilisation semble être une technique compliquée. Peut-être parce qu’ils se fient à ce que font les agronomes et les agriculteurs dans les champs. Pourtant, dans un potager résidentiel il est possible de mettre en place une approche simplifiée.

Au fait, pourquoi fertiliser? N’est-ce pas un processus naturel dans la nature? En effet, dans les forêts et sur les prairies naturelles, la fertilisation se fait par la décomposition de la litière organique. Celle-ci est composée de feuilles ou de plantes mortes qui, en se décomposant, fournissent des éléments minéraux à la plante. Il s’agit en fait d’un système en circuit fermé. La production de légumes étant un procédé « non naturel », il est indispensable de compenser les prélèvements que l’on fait lors de la récolte.

Il existe une certaine confusion entre les amendements et les fertilisants. À l’époque où l’apport de matière organique au sol, sous forme de fumier ou de compost notamment, était la norme, amendement et fertilisation étaient intimement liés. Ce n’est qu’après la Deuxième Guerre mondiale, à la suite de la découverte, presque par hasard, du processus de l’action de certains éléments minéraux sur la plante que l’industrie des engrais a pris son essor. C’est donc depuis l’avènement de l’agriculture moderne que l’on fait la différence. Amender a pour objectif d’améliorer les propriétés physiques, chimiques et biologiques du sol. Fertiliser sert à apporter en quantité assez précise des minéraux afin de faire pousser plus et plus rapidement les plantes. La fertilisation transforme plus ou moins les propriétés chimiques et biologiques. Quand on utilise l’engrais de synthèse, ces modifications peuvent avoir des effets négatifs sur la croissance des plantes. Depuis quelques années, avec l’arrivée sur le marché d’engrais naturels qui ont des effets bénéfiques sur les propriétés physiques, chimiques et biologiques du sol, la frontière entre amendement et fertilisation s’amenuise. Traditionnellement, pour amender un sol on utilisait du compost, de la chaux, du fumier composté, du gypse, de la cendre de bois, de la mousse de tourbe et plus rarement du sable ou de l’argile. Pour fertiliser, on épandait un engrais de synthèse ou un engrais naturel. Aujourd’hui, on amende et on fertilise en ayant recours au compost, au fumier composté, au gypse, à la cendre de bois et aux engrais naturels.

Durant des centaines, voire des milliers d’années, les horticulteurs avaient pour objectif d’améliorer le sol en lui fournissant des amendements, ce qui avait pour conséquences d’apporter des nutriments à la plante. La fertilisation moderne, dans un souci d’efficacité, c’est mis à nourrir la plante, ce qui lui a permis d’obtenir de très forts rendements… avec des conséquences négatives sur la vie du sol. Aujourd’hui, les horticulteurs soucieux de l’environnement reviennent à un amendement – fertilisation, avec la conviction qu’un sol en santé nourrit mieux la plante. Les amendements – fertilisants naturels sont obtenus par la décomposition, le séchage et le broyage de produits naturels. Les engrais de synthèse sont des produits obtenus par une fabrication, souvent complexe, à la suite d’un procédé industriel.

L’amendement – fertilisation peut se faire à la fois avant la plantation et durant la saison de croissance. Dans certains cas on peut le faire en fin de saison. Idéalement, on utilise des produits certifiés biologiques. Toutes les plantes n’ont pas les mêmes besoins en termes d’amendement – fertilisation. On distingue trois groupes de plantes :

  • Les plantes gourmandes : Aubergine – Basilic vert – Brocoli – Céleri-rave – Céleri à côtes – Cerise de terre, tomatille et coqueret – Chou chinois – Chou pommé – Concombre et cornichon – Courge (citrouille, pâtisson, potimarron, potiron, etc.) – Courgette – Épinard – Fenouil – Maïs – Melon et pastèque – Poivron – Piment – Tomate
  • Les plantes moyennement gourmandes : Bette à carde – Betterave – Chicorée (frisée, italienne, scarole et pissenlit) – Chou de Bruxelles – Chou-fleur – Chou frisé – Chou-rave – Laitue et mesclun – Poireau
  • Les plantes peu gourmandes : Ail et échalote – Carotte – Ciboulette et ciboulette à l’ail – Fève et gourgane – Haricot grimpant, d’Espagne et kilomètre – Haricot nain – Navet et rutabaga – Oignon et oignon vert – Panais – Pois, petit pois et pois mangetout – Radis blanc et radis noir

Respecter ces besoins évite d’utiliser des engrais inutilement, mais surtout la surfertilisation qui peut affaiblir les plantes.

Trois grands éléments nutritifs, dont les principes de fertilisation moderne ont fait une formule sacrée, le fameux NPK, influencent la croissance des plantes. L’azote (N) a un effet sur le développement des feuilles et des tiges. Le phosphore (P) a une action sur la formation et le mûrissement des fruits, et dans une moindre mesure sur la production des racines. Le potassium (K) soutient l’emmagasinage des réserves énergétiques dans les racines et les fruits. Amendements et engrais ont une teneur en NPK. Toutefois, celle-ci est plus élevée dans un engrais de synthèse que dans les engrais naturels ou dans les composts? Cela est dû au fait que la plupart du temps les éléments minéraux des engrais de synthèse sont moins facilement assimilables que ceux des engrais naturels. On apporte donc des quantités plus importantes pour être certain de fournir assez de nutriments à la plante. Comme dans cette approche on cherche à nourrir la plante, on doit s’assurer que le processus sera efficace. Dans les engrais naturels, les composts et les fumiers compostés, les taux sont peu élevés, mais les éléments nutritifs sont plus facilement assimilables. Ces fertilisants présentent un autre avantage. Ils contiennent des oligoéléments comme le calcium, le magnésium, le fer, le soufre, etc. Bien que ces éléments soient en petite quantité, ils sont importants, car ils facilitent l’assimilation des éléments principaux. Ils sont rarement présents dans les engrais de synthèse.

Les engrais ne sont pas une panacée, loin de là. Qu’ils soient de synthèse ou naturels, ils peuvent être nuisibles au sol et aux plantes. Une surfertilisation peut abîmer le sol et surtout rendre les plantes plus sensibles aux insectes ravageurs et aux maladies. Ce déséquilibre peut être particulièrement criant quand on fertilise des plantes moyennement gourmandes et peu gourmandes. Les engrais de synthèse peuvent être passablement dommageables pour le sol et l’environnement. En effet, leur préparation, qui demande beaucoup de ressources et d’énergies, est souvent synonyme de pollution. De plus, comme ces engrais sont le plus souvent solubles, les particules non utilisées sont emportées vers les cours d’eau et deviennent donc une autre source de pollution. Des excès répétés d’apports d’engrais de synthèse peuvent provoquer l’acidification des sols et mener à leurs stérilisations. Il est aussi possible que des émissions de gaz néfastes pour la couche d’ozone aient lieu. Plus stables, les engrais organiques présentent beaucoup moins de problèmes.

Pour les éléments principaux, les sources d’engrais naturels sont les suivantes :

  • Azote : compost, émulsion de poisson, farine de sang, fumier de poule, fumier composté
  • Phosphore : cendre de bois, compost, farine de crevettes, de crabes ou de poisson, poudre de phosphate minéral
  • Potassium : algue liquide, basalte, cendre de bois, compost, farine d’algues, Sul-Po-Mag

Même si les producteurs proposent de nombreuses formulations, il n’est pas nécessaire d’acheter plusieurs sortes d’engrais. Un engrais pour légumes est souvent suffisant. Si on désire un peu plus de « performance », un maximum de 3 engrais naturels répond au besoin spécifique des plantes. Pour les légumes-feuilles et légumes-tiges, on utilise un engrais dont le premier chiffre, N, est plus élevé. Pour les légumes-fruits et légumes-fleurs, c’est le deuxième chiffre, P qui doit être plus haut. Pour les légumes-racines et légumes-bulbes on choisit un produit dont le troisième chiffre, K, est plus élevé.

Dans un potager en pleine terre, la fertilisation se fait de la manière suivante. On fait un apport de compost, de fumier composté ou d’engrais granulaire naturel avant la plantation. On ajoute de l’engrais naturel au cours de la saison en tenant compte du niveau de gourmandise des plantes. Pour un potage en pot on doit prendre en compte le fait que la quantité de terreau est limitée. De plus, dans un mélange de terreau riche, après six semaines il n’y a presque plus de nourriture. Par conséquent, on peut faire un ajout d’engrais de synthèse à libération contrôlée (généralement sous forme de granules) au moment de la plantation. On peut aussi épandre un engrais naturel à la plantation, puis plusieurs fois dans la saison. Le nombre d’épandages se fait en fonction de l’appétit des plantes. L’application peut se faire par pulvérisation foliaire pour les émulsions de poisson, les algues, les thés de compost et les purins de plantes, ou avec des engrais granulaires ou liquides bio. Dans tous les cas, on doit suivre les recommandations du fabricant. La fertilisation des arbustes fruitiers et des fines herbes vivaces se fait aussi selon le niveau d’appétit des plantes. En général, on fait un apport annuel de compost ou d’engrais naturel. Il est possible de faire un deuxième apport d’engrais naturels en saison pour les plantes gourmandes.

En complément: Les multiples bienfaits des amendements et Nourrir la plante ou prendre soin du sol pour nourrir la plante?

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2 comments on “La fertilisation, et oui, c’est assez simple

  1. Sébastien Lenard dit :

    Merci

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