Les multiples bienfaits des amendements

Les balados Nourrir la plante ou prendre soin du sol pour nourrir la plante? et La fertilisation, et oui, c’est assez simple! abordent sommairement la notion d’amendement. Mais au fait, qu’est-ce qu’un amendement? Il s’agit d’un produit qui permet d’améliorer les propriétés physiques (structures et textures), chimiques (apport et disponibilité d’éléments nutritifs) et biologiques du sol (présence et bonne santé de la rhizosphère) afin de produire, à long terme en quantité optimum et en qualité des végétaux, sains et résistants aux parasites. En agissant sur toutes ses propriétés, les amendements favorisent la vie globale du sol, et notamment de la rhizosphère.

Bien que les amendements puissent apporter des éléments nutritifs aux plantes, ils sont différents des engrais, car ceux-ci se contentent de nourrir la plante. Dans le cas des engrais solubles de synthèse, les effets positifs se font sentir à court terme. À long terme, ils peuvent même modifier les propriétés chimiques et biologiques du sol de manière négative. Les engrais d’origine naturelle sont moins dommageables sur le sol, mais leur effet est plus lent.

S’il est assez facile de faire la différence entre les amendements et les engrais de synthèse, c’est plus difficile de faire cette distinction entre les engrais naturels et les amendements. Par exemple, un compost de fumier de poule est un amendement, mais un engrais à base de fumier de poule, même s’il apporte des éléments nutritifs et des matières organiques, est considéré comme un fertilisant. Les solutions concentrées d’algues fraîches qui, en plus de leurs apports en éléments nutritifs, contiennent de la matière organique et ont des effets bénéfiques sur la rhizosphère sont considérées comme des engrais.

Il existe 2 grands types d’amendement. Les amendements organiques, comme le compost ou les fumiers compostés, sont obtenus par la décomposition de matière vivante (plantes, déjections animales, animaux, etc.). Les amendements minéraux, tels que la chaux, le gypse et le soufre sont obtenus par le concassage de roche. Quant aux cendres obtenues par la combustion du bois et le biochar issu de la pyrolyse, ils sont à la croisée des chemins entre organique et minéral. Dans des conditions particulières, on utilise la tourbe de sphaigne (organique) et le sable (minéral). La plupart des amendements, chacun à leur manière, ont des effets plus ou moins prononcés sur toutes les propriétés du sol.

L’utilisation des amendements est suivie de plusieurs effets sur les propriétés physiques du sol. Ils permettent de diviser les particules dans les sols argileux ou au contraire d’agglomérer celles des sols plus sablonneux. Dans tous les cas, l’objectif est la formation d’agrégats de bonnes dimensions qui permettent un voyage plus optimal de l’air et l’eau dans le sol. Après avoir été amendé avec les bons produits, un sol peut être plus perméable ou avoir une meilleure rétention d’eau.

Bien que ce ne soit pas le seul objectif des amendements, ceux-ci ont des effets sur les propriétés chimiques du sol. Les amendements organiques apportent des éléments nutritifs et leur teneur est variable selon l’origine de l’amendement. Bien entendu, ils ajoutent au sol de l’azote (N), du phosphore (P) et de la potasse (K), mais aussi des macronutriments, le calcium, le magnésium et le soufre, ainsi que des micronutriments, ou oligoéléments : le chlore, le fer, le cuivre, le manganèse, le bore, le molybdène, le zinc et le cobalt. Dans la plupart des cas, ils ont la faculté de stabiliser le pH du sol entre 6,5 et 7,5. Quant aux amendements minéraux, on les utilise surtout pour modification le pH, mais ils apportent aussi des éléments nutritifs au sol.

Les propriétés biologiques du sol sont améliorées par les amendements organiques qui favorisent la vie de la rhizosphère. Cette situation a pour effet de faciliter l’absorption des éléments minéraux pour la plante. Les amendements minéraux peuvent aussi influencer la vie de la rhizosphère et l’utilisation des éléments nutritifs par la plante.

Les premiers objectifs les amendements organiques sont d’apporter de l’humus au sol. Ce produit est issu de la décomposition de matières vivantes. Dans le compost maison, ce sont des résidus de cuisine ou de jardin; dans les composts municipaux des feuilles récoltées à l’automne ou des résidus de taille; dans les fumiers compostés, les déjections de bovins, de moutons ou de poulets. Les composts de résidus de la mer sont faits à partir de poissons, crabes ou crustacés et ceux à base de substrats de champignons, de paille, de foin, de gypse, de fumier de poulet ou de cheval, d’épis de maïs ou de farine de soja.

À part l’origine de la matière à composter, il n’y a pas de différences majeures entre le compost et les fumiers compostés. Par contre, si des fumiers sont employés très peu compostés pour amender le sol, les effets sont différents.

Le vermicompostage est une manière de composter. Quant aux composts vendus commercialement ils sont faits en général de produits compostés, de tourbe de sphaigne auxquels on ajoute parfois de la chaux.

La chaux dolomitique est surtout utilisée afin d’augmenter le pH de quelques dixièmes de points par an. Il favorise aussi l’absorption des éléments nutritifs par les plantes et il améliore la structure du sol et maintien ou intensifie l’activité microbienne. Le gypse, riche en calcium et en soufre, facilite l’agrégation des particules du sol. Il favorise le développement des racines, active la vie microbienne dans le sol, améliore l’utilisation des éléments nutritifs par les plantes et accroît leur résistance. Le soufre granulaire acidifie le sol à moyen et à long terme, augmente l’efficacité de l’azote, aide à la fabrication de protéine et rend les plants plus résistants. Les cendres de bois franc, qui ont un grand pouvoir alcalinisant à effet rapide, mais de courte durée, apportent une bonne quantité de calcium, de potassium, de phosphore et des oligoéléments. Le biochar est un produit solide, poreux et riche en carbone, qui ressemble à du charbon de bois. Il est obtenu par le chauffage à très haute température de biomasse végétale (bois, pailles, etc.). Il améliore le pH des sols acides, bonifie les conditions physiques du sol, notamment la rétention d’eau, stimule la vie microbienne et retient les substances nutritives.

On peut tirer de nombreux bénéfices de l’utilisation des composts. Bien entendu, cela dépend des matières premières et des conditions de compostage. Un sol amendé au compost a une structure du sol plus stable. Le cheminement des racines est facilité et une bonne rétention en eau permet de réduire les arrosages. Le comportement thermique est amélioré, l’humus permettant une meilleure absorption de la chaleur et donc une stimulation la croissance. En supportant et alimentant la vie microbienne du sol, les composts favorisent la fertilité du sol par la présence d’activateurs de croissance naturels qui facilitent la nutrition de plantes «au compte-goutte», c’est-à-dire tout au long de la belle saison. L’humus freine le lessivage des éléments nutritifs. Dans le cas des composts marins, qui contiennent de la chitine, ils limitent la présence de certaines maladies. Les composts ont aussi la capacité de décomposer les résidus de pesticides ou autres résidus synthétiques et ils diminuent la possibilité pour la plante d’absorber certains métaux lourds.

On a longtemps suggéré d’apporter les amendements organiques à l’automne. De récentes études ont démontré que les particules composant les composts étaient lessivées par les pluies et la fonte des neiges printanières. Même si ces recherches doivent être corroborées, apporter les amendements organiques, comme le compost, le vermicompost ou le biochar, au printemps serait plus avantageux. L’ajout de la chaux au sol peut se faire durant toute la belle saison, mais il est recommandé à la fin de l’été ou au début de l’automne. Le soufre est épandu une fois au printemps et une autre fois à l’automne. Les cendres de bois le sont au printemps. La tourbe de sphaigne et le sable sont incorporés au moment de la préparation du sol.

Définir avec précision les sortes et les quantités d’amendements organiques nécessite des analyses de sol très détaillées, et donc très coûteuses. Le plus facile est de suivre les recommandations des producteurs de compost en tenant compte des appétits des plantes (voir : La fertilisation, et oui, c’est assez simple!) Pour les amendements minéraux, une analyse de sol simple peut servir de guide, mais suivre les recommandations des producteurs de ces produits est plus facile. Dans les deux cas, les résultats escomptés sont difficilement mesurables pour un jardinier amateur, car l’efficacité des amendements dépendant d’un très grand nombre de facteurs.

On apporte des amendements dans un potager en les épandant sur le sol. On les enfouit à l’aide de la griffe de jardinage ou de la grelinette. Ils ne sont pas incorporés en profondeur pour profiter à la rhizosphère.

On peut mettre en terre des plantes tout de suite après avoir apporté les amendements. Dans le cas du semis direct, certains jardiniers conseillent de laisser passer 2 à 3 jours entre la préparation du sol et le semis afin que le sol se tasse naturellement. On ignore si cette technique est valable ou pas.

Dans le jardin potager, ce n’est pas une bonne idée de remplacer le compost par du terreau. Le compost est un des éléments constituants des terreaux, vendus sous forme de compost, c’est le principal ingrédient. Ces deux produits n’ont donc pas le même effet. De plus, le compost est un produit recyclable alors que la terre qui compose les terreaux ne l’est pas.

Diversifier les types de composts d’année en année est toujours idéal. Le compost maison n’est pas de composition constante d’année en année. Si on utilise des composts commerciaux, il est bon de changer les sources.

Dans l’optique de Nourrir la plante ou prendre soin du sol pour nourrir la plante?, les amendements sont des alliés essentiels. Aussi, en complément: Biostimulants et mycorhizes : des alliés pour la santé des sols et des plantes.  

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