Chaque espèce de plantes ayant ses propres besoins, on entame les semis ou les plantations à l’extérieur quand le sol a atteint la bonne température pour l’espèce en question. De manière générale, les plantes de climat tempéré demandent une température minimale du sol de 12 à 15 °C, alors que celles d’origine tropicale exigent de 18 à 20 °C. Ces dernières sont les aubergines, les cerises de terre, concombres, courges, courgettes, haricots, melons, pastèques, piments, poivrons, roquettes, pommes de terre, tomates, basilics, coriandres et sarriettes d’été. Il existe cependant 3 exceptions : les carottes, les bettes à carde et les choux qui, bien que ce soient des plantes de climat tempéré, préfèrent un sol plutôt chaud au moment de la plantation. Quand la température du sol a atteint de 12 à 15 °C, on peut semer ou planter les betteraves, échalotes françaises, épinards, laitues, navets, oignons, panais, poireaux, pois, radis, cerfeuils des jardins et persils frisés.
Durant de nombreuses années, les jardiniers ont appliqué la règle qui consistait à dire que l’on pouvait commencer les plantations lorsque la température nocturne était de plus de 10 °C durant une période de 5 à 7 jours. Si cette stratégie est encore valable, tenir compte de la température du sol est beaucoup plus précis. En effet, certaines terres se réchauffent plus vite que d’autres, et la présence de paillis peut aussi retarder le réchauffement. Quant aux respects des cycles lunaires ou aux références aux saints pour semer ou pour planter, on sait aujourd’hui que ce ne sont pas des méthodes fiables. En effet, plusieurs études publiées dans les années 1990 ont démontré que s’appuyer sur les phases de la Lune pour décider du moment opportun pour la plantation était risqué. Plus de 30 ans plus tard, alors qu’avec le réchauffement climatique on assiste à des bouleversements météorologiques majeurs, il est encore plus aléatoire de prendre en compte ces affirmations. Il est pertinent de rappeler que ces énoncés étaient utilisés à une époque où peu d’agriculteurs ou d’horticulteurs savaient lire. Les phases de la Lune étaient un moyen simple de marquer les différentes périodes de travail. Il y a de fortes chances qu’elles étaient accompagnées d’autres observations aujourd’hui oubliées.
Afin de connaître la température du sol, on utilise un thermomètre. On peut se servir d’un thermomètre à tige courte ou d’un thermomètre à compost dont la tige est plus longue. Il présente l’avantage de répondre à deux utilisations. Ces instruments peuvent être employés aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Pourquoi la température du sol est-elle si déterminante? En fait, on oublie que chez les plantes, une part très importante de la réussite d’une culture a pour base le système racinaire. C’est grâce à lui que la plante s’alimente en eau et en éléments nutritifs. S’il n’est pas en bonne santé ou dans les bonnes conditions, c’est-à-dire qu’il est n’est pas en mesure de nourrir la plante, celle-ci va végéter. On sait aujourd’hui que la température du sol, en particulier chez les espèces d’origine tropicale, est un facteur limitant à l’absorption de l’eau et des substances nourricières. Il ne sert donc à rien de planter ce type de plantes dans un sol froid, car, dans ces mauvaises conditions, le métabolisme des plantes fonctionne au ralenti, ou pire il est stoppé et prend du temps avant de repartir. On parle alors de stress thermique ou de choc thermique.
Chez les végétaux, lorsque la température s’élève ou s’abaisse au-delà des conditions supportées par l’espèce, des modifications physiologies apparaissent. Celles-ci sont non seulement différentes pour chaque espèce, mais aussi par rapport au stade de croissance, ainsi qu’à l’amplitude et à la durée du changement de température. Généralement, ce sont la respiration et la photosynthèse qui sont perturbées. Ce stress thermique entraîne un ralentissement, voire un arrêt presque complet de la croissance. Lorsqu’il est dû au froid, les risques de mise en dormance sont plus grands que s’il est provoqué par des températures élevées. Dans cette situation, c’est souvent les processus de mises à fleurs et à fruits qui sont touchés.
Afin de minimiser les problèmes physiologiques, la première chose à faire est de respecter les besoins en température des racines. En procédant ainsi, on évite les risques de stress thermique, et potentiellement une trop longue dormance. La deuxième opération à accomplir est, à l’annonce d’une nuit froide, d’atténuer le refroidissement au niveau du feuillage des plantes. Afin de protéger celui-ci, on peut installer une protection en utilisant des toiles contre le froid ou de vieux draps. On évite les protections de plastique qui, en cas de gel, même peu important, peuvent provoquer des brûlures du feuillage. Les toiles sont installées en fin d’après-midi et elles sont enlevées quand la température dépasse les 10 °C. On devrait aussi s’assurer que les plants sont bien irrigués. Dans le cas où la période de refroidissement se prolonge le jour, on laisse en place les protections tant et aussi longtemps que la température n’est pas remontée au-dessus des 10 °C.
Afin d’avancer les dates de semis ou de plantations, on peut augmenter la chaleur du sol dans un potager. En effet, à long terme, des apports répétés de matière organique aident à réduire les variations de température dans le sol. À court terme, on peut utiliser des toiles d’occultation. Il s’agit de toiles en polyéthylène noir que l’on installe d’une manière temporaire sur le sol. Si leur première utilité est de couper la lumière pour empêcher la présence des herbes indésirables, mise en place temporairement quelques semaines avant la plantation, en réchauffant le sol, elles activent le travail bénéfique des micro-organismes.
L’acclimatation des plants
Si la température du sol est importante, l’acclimatation des plants que l’on a produits soi-même l’est tout autant. Comme les conditions de vie des plantes dans une maison sont différentes de celles d’une serre, la sortie des plantes que l’on produit soi-même s’accompagne de plusieurs précautions. Il est important d’habituer tranquillement les plants à la chaleur et à la lumière. Pour la chaleur, idéalement, on attend que la température extérieure soit le proche possible de la température intérieure. Toutefois, il est habituellement déterminé qu’une température nocturne de 10 à 15 °C durant 5 à 7 jours est un bon indice pour procéder à l’acclimatation. Par la suite, si l’on annonce une baisse des températures, on recouvre les plants. En ce qui a trait au soleil, il est indispensable d’acclimater graduellement les plants. Les premiers jours on peut les recouvrir d’une toile contre le froid que l’on enlève progressivement, ajoutant chaque jour 30 minutes de soleil. On peut aussi déplacer les plants pour les mettre de plus en plus à la lumière vive. Beaucoup de gens font faire à leurs plantes des allers et retours entre l’intérieur et l’extérieur. Ce n’est pas conseillé. En effet, les risques de bris sont grands lors des manipulations. De plus, les chocs thermiques sont plus importants et l’adaptation des plantes plus difficile. Il est préférable d’attendre que l’air et le sol soient bien réchauffés et d’acclimater les plantes en une fois, durant 5 à 6 jours, avant de les planter.
Dans le cas de plants achetés en jardinerie, à moins d’achats hâtifs, les professionnels ont le plus souvent acclimaté les plants. Toutefois, les plants vendus en jardineries ont aussi besoin d’acclimatation, mais la situation est moins criante que pour des plantes multipliées à la maison. En effet, dès que les plantes ont atteint le stade de la mise en vente, les producteurs réduisent les températures des serres afin de renforcer les plants et de les rendre ainsi plus résistants pour le transport. Comme les plants ont été exposés à la lumière du soleil, il n’y a pas d’enjeu de ce côté.
Si on ne peut pas planter tout de suite les plantes comestibles achetées en jardinerie, on les installe dans un endroit lumineux, mais sans soleil direct durant les heures les plus chaudes de la journée. Un endroit à la mi-ombre entre 10 heures et 15 heures est recommandé. On place les plants à bonne distance de manière qu’elles puissent se développer et que les maladies ne soient pas susceptibles, elles, de se développer. On place les pots droits afin qu’une partie de l’eau ne s’accumule pas dans la partie basse du fond du pot et que la partie plus haute sèche rapidement.
Tout de suite après le transport, juste après le déchargement, on fait un arrosage des plants. Le fait de les manipuler entraîne le plus souvent un dessèchement du terreau. Par la suite, on surveille régulièrement les arrosages. On le fait de manière quotidienne, surtout si les températures sont élevées et qu’il ne pleut pas. Tous les 3 ou 4 jours, on vérifie l’état sanitaire des plants et, au besoin, on intervient. Si on annonce du froid, dépendant de son intensité, on recouvre les plants d’un morceau de tissus ou d’une toile contre le froid. Si les froids sont plus intenses, on rentre les plants à l’intérieur.
Attention, le soleil peut brûler le feuillage des plantes non acclimatées. C’est le cas des plantes qui sont exposées au rayon direct du soleil après avoir passé une période prolongée sous un éclairage artificiel ou sous la protection d’une serre. C’est pourquoi la période d’acclimatation, surtout lors de printemps très ensoleillé, est importante. Il peut aussi arriver qu’à la suite de fortes chaleurs le feuillage de certaines plantes grille, mais, le plus souvent, cela est plutôt dû à un manque d’arrosage que véritablement a une insolation. En effet, le feuillage des plantes qui manquent d’eau par une journée chaude et ensoleillée risque de brûler plus facilement. Le feuillage peut être abîmé par un soleil particulièrement intense chez de très jeunes semis aux feuilles très tendres, mais c’est assez rare.
Il reste que, quelles que soient les conditions climatiques, on commence par sortir les plantes dans les bonnes conditions d’acclimatation et une fois cette opération complétée, on plante en tenant compte de la chaleur du sol.
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